Ce midi, pas foutu de m'attendre une vingtaine de minutes, donc je repars seul. Pas de compagnon, simplement le MP3 qui me hurlent la voix du journaliste de France Inter sur notre cher président et la première dame de France. Qu'est ce qu'ils m'emmerdent ces deux- là! J'avance, sous la pluie, comme de coutume, le sac de cours sur le dos, en direction du refectoire. Plateau garni, mais personne avec qui échanger ces plats que l'on appréciera décidément jamais.Je m'assois. Face à moi, seule la chaise me réponds :
Moi -"Dis moi, tu penses vraiment que j'ai rien à foutre là?
La chaise - Ben tu es comme tout le monde, chaque humain à sa place, chaque place à son humain.
Moi - Oui, enfin ici, on dit chose!
La chaise - Je suis une de ces choses!
Moi - Excuse moi...chaise? Quel est ton nom?
La chaise - Je n'en ai pas. Mais passons.
Moi - OK. Pourquoi personne ne m'a attendu?
Je lui file malencontreusement un coup de pied, elle frémit, mais sans plus.
La chaise - C'est comme cela. Tu veux faire bonne impression à trop de monde en même temps, du coup, tu ne fais forte impression sur personne en particulier. On ne te retient pas.
Moi - Je ne suis que ça, un élève dans une classe?
La chaise - Oui. Tu n'es qu'un voisin parmi tant d'autres.
Moi - Donc dans 3 ou 4 ans, quand on se demandera enfin ce que sont devenus les autres, je n'aurai aucun appel de mes collègues de prépa?
La chaise - Non, tu n'auras rien. En as tu aujourd'hui? Non, et bien plus tard, tu les appeleras, mais eux non.
Moi - Mais pourquoi?
La chaise - Tu es un chieur.
Moi - Eh Oh, une chaise, ça ne jure pas! Mais remarque, tu as raison.
La chaise - Les chaises ont toujours raison. Le soucis est que tu sois heureux, pas que tu te soucis de ce qui se passera plus tard. Arrête, comme diraient certains, de "faire des plans sur la comète" et laisse le temps faire son affaire.
Moi - Les chaises ont souvent raison c'est vrai. Mais je suis triste. Mon coeur est à une heure d'ici, et mes seuls amis sur lesquels je peux compter, je ne les vois que trop rarement chaque mois pour que cela me satisfâsse.
La chaise - Dans ce cas, ne pense plus, ne réfléchis plus et laisse tomber tout ça.
Moi - Non!
La chaise - Donc souffre, mais en silence, comme moi. Profites de ce que tu as, et fais avec. Tu verras, plus tard tout s'arrangera.
Moi - Je doute que les chaises aient toujours raison maintenant.
La chaise - Bien dans ce cas, file dans ta vie, jette toi dedans et vois où cela te mène. Amis, Amours, tout ça n'est que relativité. Laisse toi faire, laisse toit bercer par le roulis du temps.
Moi - Je m'en vais dans ce cas. Bon courage!
Je range mon plateau, me serre un dernier verre pour faire passer le piquant du kiwi que je viens d'avaler. Je me lève et quitte mon compagnon de ce repas. En m'éloigant j'entends un vague : " Toi aussi, tu en auras plus besoin que moi".

Les chaises ont toujours raison.

Je déteste les chaises, peut-être parce qu'elles ont toujours raison.